Journal La Presse, Samedi 25 Décembre 1965, p.3.
Nja Mahdaoui : "Que quelqu'un montre un peu la lumière ouvre un peu la porte"
PASSION et ascétisme ou tout au service de l'art, voilà ce qui pourrait caractériser Nja Mahdaoui.
« Plus jeune j'aimais les arts, mais sans savoir ce que c'était. Jusqu'au jour où j'ai eu la chance de rencontrer un certain Père Henri qui me fit véritablement rentrer dans le monde des arts ».
« Plus jeune j'aimais les arts, mais sans savoir ce que c'était. Jusqu'au jour où j'ai eu la chance de rencontrer un certain Père Henri qui me fit véritablement rentrer dans le monde des arts ».
Ce fut alors la découverte de l'histoire de l'art des grandes écoles de peinture. Et Mahdaoui traduisait dans ses tableaux ces nouvelles influences. Un jour lui vinrent les encouragements du consul d'Italie concrétisés sous la forme d'une offre de voyage en Italie.
« Je voulais aussi connaître Paris. Et le jour où j'ai pu le faire je suis resté assis devant la Joconde à la contempler : et ce n'est pas sa bouche que j'ai vu sourire mais ses mains. D'ailleurs la Joconde n'a jamais existé. Ce que voulait exprimer Vinci c'est la puissance d'éléments premiers qu'il a fixés au fond de sa toile: les rocs, l'eau ».
« Je voulais aussi connaître Paris. Et le jour où j'ai pu le faire je suis resté assis devant la Joconde à la contempler : et ce n'est pas sa bouche que j'ai vu sourire mais ses mains. D'ailleurs la Joconde n'a jamais existé. Ce que voulait exprimer Vinci c'est la puissance d'éléments premiers qu'il a fixés au fond de sa toile: les rocs, l'eau ».
Soif de connaître
Paris, Rome, Florence Venise, Amsterdam, Londres. Et dans toutes ces villes, Mahdaoui visite les musées enrichit son univers.
« Au Vatican, je suis resté en admiration devant « la création de l'homme ». A Florence, les rues elles-mêmes sont des musées et j'étais en extase devant ces beautés architecturales. Je touchais les murs de mes mains ouvertes dans mon admiration.
A Paris j'ai découvert Chagal dont la puissance et le courage sont admirables. Là on m'a dit que le n'avais rien vu qu'il me fallait aller à Grenoble au Musée d'art moderne. Ma soif de connaître m'a guidée et j'ai vu à Grenoble Braque, Picasso etc... J'ai subi le choc de la confrontation de deux arts, l'ancien et le moderne, de la confrontation de la profusion et du dénuement ».
Après Grenoble, Amsterdam et Londres
« Je ne voulais pas rentrer sans avoir été à Londres. Mais il me restait très peu d'argent. A l'aérodrome de Londres, j'avais l'équivalent de sept dinars en poche et l'ai été autorisé à rester quatre jours a Londres. J'ai dormi là-bas dans une grande salle commune mais j'ai visité les musée. J'ai vu Rembrandt, Vinci, Van Gogh. Et j'ai rencontré Salvador Dali dans un musée. Dali que j'admire et qui m'a beaucoup influencé ».
Les musées visités, les oeuvres découvertes apportèrent à Mahdaoui une moisson d'enseignement. Il concut même une forme d'art qui le séduisit.
« Au Musée du Jeu de Paume, j'ai vu tous ces objets très simples, sans valeur qui ont servi. Et j'ai conçu l'idée de faire des tableaux avec des objets semblables, de la vie courante. Ainsi, ie peur présenter ces objets
à d'autres personnes. Je veux aider les deux sociétés à se connaître. Que par de semblables tableaux, les uns pensent aux autres. Que les nantis pensent au petit marchand du trottoir qui revend les objets mis à la retraite ».
Ce rapproahement entre mondes dissemblables préoccupe Mahdaoui.
« L'art doit être dans la vie. Il faut raccorder les deux bouts de la chaîne. L'artiste doit expliquer le monde. Il doit contribuer à ouvrir chacun à un autre monde ».
Mahdaoui a lu : Sartre, Kafta etc... une phrase du « Procès » l'a frappé : « Que quelqu'un montre un peu la lumière ouvre un peu la porte.
Mahdaoui croit au progrès. Il croit que l'art ne doit pas seulement reproduire la beauté mais aider aussi à la compréhension du monde. Il croit à l'évolution de l'art. Il croit aussi que l'art doit choquer pour faire penser éveiller les spectateurs.
M.L.T.